La respiration par le blanc : un savoir-faire graphique incontournable
Si une angoisse ne devait pas exister chez les designers graphiques, c’est bien celle de la page blanche… Mais en réalité, savoir gérer le blanc et organiser les espaces de respiration n’est pas si aisé qu’il n’y parait. Si le blanc est si souvent associé à une dimension minimaliste, il n’en demeure pas moins un vecteur puissant d’émotions et de sensations.
En matière de graphisme : place nette au blanc !
Au sein d’une mise en page, les espaces de respiration et de circulation sont tout aussi importants que les différents contenus. Ils permettent à l’œil de circuler dans la page et favorisent par contraste les accroches visuelles. Ils sont indispensables à la création d’une hiérarchisation efficace des différentes informations. Le blanc, en matière de graphisme, ce n’est ni l’austérité, ni l’absence de créativité et encore moins l’expression d’une forme de vide mais plutôt la garantie de sublimer le contenu. L’espace de respiration permet la mise en exergue, il valorise et délimite les différents objets qu’il soutient. Le blanc, c’est parfois le remède salvateur à la saturation, à la désorganisation, à l’incompréhension.
Le blanc, c’est juste bon pour le design minimaliste…
Le blanc serait-il finalement une économie de moyen ? En réalité, loin de là et à bien y réfléchir, en matière d’édition, c’est même le contraire qui est de mise. Car s’il est une dépense qui doit être considérée à sa juste valeur, c’est bien le choix du papier. La qualité de celui ci va être déterminante pour assurer une bonne perception de l’image. Le support papier est très souvent l’un des premiers postes de dépense en matière d’impression, et dès lors, chaque centimètre carré non imprimé, devient un luxe concédé. Dans cette optique, le blanc est bel et bien gage de richesse.
Le blanc, c’est aussi la possibilité de l’expression du chic, du raffinement, dans le domaine du design graphique bien entendu, mais également dans le design, l’architecture ou encore la mode. S’il investi à merveille les esthétiques minimalistes, il s’invite aussi également volontiers dans des univers baroques voire même rococos. Il y apporte une touche de mesure, de modestie, permet de sublimer la forme en alliant la richesse du motif, de la ligne et de la structure à la profondeur du blanc.
Le blanc, est-il vraiment une non-couleur ?
D’un point de vue strictement scientifique et physique, le blanc ne peut pas être considéré comme une couleur. Il est en réalité la synthèse du mélange de l’ensemble des couleurs, la perception résultante en quelque sorte. Par abus de langage, sans doute, et certainement aussi par attachement, il est cependant qualifié de couleur. Pour preuve, on lui a même attribué quelques teintes comme par exemple le blanc cassé ou le “coquille d’œuf”. La question du blanc permet de valoriser la dimension culturelle de la perception d’une “couleur”. En effet, les inuits disposent de beaucoup plus de mots pour qualifier les teintes de blanc, phénomène en partie justifié par son omniprésence au sein des paysages enneigés et glacés de leur environnement. Alors le blanc, peu importe que l’on se place du côté des puristes de la science ou de celui des amateurs de la couleur, reste avant tout l’espace de respiration nécessaire et salvateur, une condition essentielle pour sublimer la pertinence de l’expression.